Un saisissement. Un émerveillement. L’impression d’être transportée à l’intérieur d’un écrin protégé, effaçant instantanément les désagréments du trajet. Depuis bientôt quinze ans, pour chacune de mes arrivées à la maison Louis Carré, l’émotion reste toujours identique à la première fois, lorsque, au petit matin, nous fûmes accueillies par des chevreuils au bord de la piscine ! La maison venait d’être acquise par l’association Alvar Aalto en France et, bien que décrépie, elle n’avait rien perdu de sa puissance. Grande admiratrice du travail d’Aalto dès ma première vie d’architecte, j’ai été très heureuse de contribuer, en photographe, au livre sur la maison.
Ce fut le début d’un travail au long court autour de la maison, une œuvre vidéo La Visite, pour laquelle j’ai aussi réalisé de nombreuses prises de vues photographiques. Bien que le paysage environnant ait complètement changé – à l’origine très ouvert sur les lointains, il est aujourd’hui refermé par la forêt – l’implantation de la maison, la façon dont elle se pose sur la colline, le travail des terrasses et des gradins restent justes. Je suis toujours éblouie par les relations si fortes entre les intérieurs et les extérieurs : les fenêtres-tableaux, le plafond qui se prolonge en sous-face de la toiture, la façon dont telle fenêtre de la salle à manger attrape les rayons du couchant quand une autre celle de l’aube… Frappée aussi par la sensualité des matières de l’architecture et de son mobilier, par les dimensions si précises de chaque chose, il me fallait mettre la maison en relation avec des corps.
Je propose ici une sélection d’images issues de mes très nombreux passages dans la maison et qui ont servi de matière à la vidéo.